Affichage des articles dont le libellé est Archipoche. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Archipoche. Afficher tous les articles

12/04/2016

Mes sœurs et moi, de Judith Lennox

Mes sœurs et moi

Judith Lennox




Quatre sœurs dans la tourmente. À la veille de la Première Guerre mondiale, à Sheffield, les quatre sœurs Maclise songent à leur avenir.
La belle et orgueilleuse Iris attend une demande en mariage qui tarde à venir ; la passionnée et timide Marianne s'éprend d'un jeune homme d'affaires ; la vive Eva souhaite partir à Londres pour devenir artiste, tandis que Clémence, la benjamine, doit rester à la maison pour prendre soin de leur mère.
La guerre et ses tragédies vont séparer les quatre sœurs. Confrontées à des choix difficiles, elles doivent faire face à de nouvelles responsabilités, qui leur offrent petit à petit une indépendance dont elles n'imaginaient pas la saveur. Mais leurs destins ne ressemblent en rien à ce qu'elles avaient imaginé. Se découvrant des ressources insoupçonnées, chacune lutte avec courage.



Ce livre a attendu trop longtemps dans ma PAL, il était temps que je le lise !
Marianne, Iris, Eva et Clémence sont les filles de Joshua et Lilian Maclise, qui ont également des fils. Famille nombreuse, on va suivre essentiellement la vie des quatre sœurs. Marianne va commencer par se marier avec un homme d'affaire, avant de quitter l'Angleterre ; Eva quitte sa famille pour tenter de devenir une artiste, Clémence se retrouve seule à s'occuper de sa mère hypocondriaque ; et Iris fuit ses rêves de mariage et devient infirmière.
Mes sœurs et moi est un récit qui me tentait énormément, d'abord à cause de l'époque historique (avant la Première Guerre Mondiale), mais surtout pour ces relations humaines. La guerre, les tragédies, la vie en général, va séparer les sœurs. Ce livre est une grosse brique, un roman très dense et profond. On ne peut que s'attacher à ces quatre jeunes femmes volontaires, qui évoluent considérablement.
Mais le contexte politique est également le gros point fort et Judith Lennox nous décrit avec talent et sensibilité la condition des femmes de cette époque. Le début du XXème siècle n'est pas une époque évidente, à commencer par le spectre de la guerre qui flotte, mais aussi avec les changements inévitables de la société. Il n'est pas évident, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes, de se libérer des carcans de la société. Mais peu à peu, avec des efforts et beaucoup de lutte, ils parviennent à mener plus livre et plus conforme à leurs rêves. Les femmes Maclise sont le parfait exemple du changement : au départ considérées seulement comme de beaux ornements et seulement bonnes à marier, chacune va se démarquer et vivre la vie de la façon qu'elles veulent, ou en tout cas se battre pour ça. Devenir une artiste peintre, infirmière, réaliser un rêve... ou même simplement protéger sa famille et son enfant. Les femmes s'émancipent de plus en plus, et Mes sœurs et moi décrit parfaitement les sentiments et les états d'âme vécus par les personnes de cette époque.
Judith Lennox a écrit un roman vraiment fort et bouleversant, je conseille Mes sœurs et moi pour les personnes aimant les romans historiques et mettant en scène des personnages forts !



Chronique en + : l'avis de Lavinia !




Challenge : 50 romans en 2016

25/03/2016

Le Professeur, de Charlotte Brontë

Le Professeur

Charlotte Brontë




L'essentiel de l'intrigue du Professeur se déroule à Bruxelles où William Crimsworth, le personnage principal et narrateur à la première personne du récit, devient, après une première expérience dans un pensionnat de garçons, instituteur dans le pensionnat voisin pour jeunes filles dirigé par Miss Zoraïde Reuter.
Orphelin de père et de mère, il a quitté son Angleterre natale pour trouver sa voie.



Après avoir lu quelques livres de la famille Brontë, je me décide à attaquer ceux que je n'ai pas encore lus. Parmi ces livres, j'ai jeté mon choix sur Le Professeur.
Le Professeur retrace la vie de William Crimsworth, son arrivée dans une école et donc sa carrière de professeur, d'abord pour de jeunes garçons, ensuite dans une école de jeunes filles. Nous allons avoir accès à ses pensées, d'abord concernant son travail et sur le fait d'enseigner à des femmes, mais également sur sa relation avec la directrice de l'école et avec une jeune femme enseignant la couture.
Si j'ai apprécié ma lecture de Shirley et de Villette, eu un immense coup de cœur pour Jane Eyre, je pense que Le Professeur est le roman de Charlotte Brontë que j'ai le moins aimé. Ce n'est pas tant l'écriture, qui est toujours magnifique, mais plus la description des personnages, notamment celui de William. C'est un homme qui a une haute estime de lui-même, très fier, presque arrogant. Malgré sa volonté de se démarquer de sa famille et de ses tendances aristocratiques, il n'en reste pas moins satisfait de sa position et de son lignage. La façon de décrire m'a presque choquée, notamment lors de ses leçons avec ses élèves féminines. La plupart sont décrits soient comme de belles femmes mais sottes ou manipulatrices, ou alors sont intelligentes mais disgracieuses. Un point auquel j'ai eu du mal à m'habituer, je l'avoue !
Malgré tout, Le Professeur reste un livre que j'ai pris plaisir à lire, surtout pour la façon d'écrire de Charlotte, qui est juste magistrale. Mais aussi pour la description de deux personnages : Hunsden, souvent ironique, très décalé, il m'a beaucoup amusé ; et ensuite Frances Henri, une petite personne calme et intelligente, qui n'a pas peur de tenir tête aux hommes pour défendre son point de vue.
Le Professeur est différent des autres livres que j'ai lu de Charlotte Brontë : moins développé, plus court, assez inégal au niveau du traitement des personnages, mais qui reste un livre à lire, rien que pour découvrir ou pour prolonger sa découverte de cette auteure ! Publié à titre posthume, cette histoire est fondée sur l'histoire vécue par Charlotte alors qu'elle vivait à Bruxelles en 1842, où elle étudiait le français dans un pensionnat.
Donc, sans être le meilleur, je recommande malgré tout ce titre, très révélateur de cette époque, mais surtout pour la plume inimitable de Charlotte !



Chronique en + : l'avis de La bouteille à la mer !



12/02/2016

Je te pardonne, papa, de Lizzie McGlynn

Je te pardonne, papa

Lizzie McGlynn



Lizzie, 4 ans, grandit en croyant que la violence est la norme.
Comme ses frères et sœurs, elle subit chaque jour les accès de rage de son père et accumule bleus et cicatrices. À 11 ans, elle plonge un peu plus dans l'horreur : après sa faillite, son père sombre dans l'alcoolisme et transforme la petite fille en esclave sexuelle. Sa mère laisse faire et les autorités restent sourdes...



Je suis toujours très intéressée par ce genre de témoignage, donc je n'ai pas hésité à me plonger dans cette lecture !
Lizzie McGlynn avait 4 ans lorsque l'horreur de sa vie familiale a véritablement débutée. Grandissant avec ses frères et sœurs, elle croyait que la violence était le lot quotidien de chaque enfant. Coups, insultes, puis esclave sexuel... Elle n'avait aucun point de repère, aucune manière de se protéger ou de réaliser que c'est loin d'être la norme. Lorsqu'elle avait 11 ans, son père sombre dans l'alcoolisme et fait passer l'horreur à un tout autre niveau. Sa mère ne veut pas ou ne réalise pas ce qui se passe dans son foyer, et surtout il n'y a aucune aide de la part des services sociaux ou des autorités.
Je te pardonne, papa est un livre absolument touchant, bouleversant et choquant. Lizzie McGlynn nous raconte sa vie, depuis son enfance jusqu'à l'âge adulte, et décrivant sans fard tout ce qu'elle a enduré. On voit souvent aux informations les victimes des guerres, des attentats... Mais où sont toutes ces victimes, qui endurent tous les jours les pires sévices de la part des personnes qui devraient les protéger ? Le vécu de Lizzie McGlynn est absolument terrifiant et je me suis souvent demandé comment était-ce possible que certaines personnes doivent encore endurer ces sévices de nos jours... Mais également, tout au long de ce témoignage, la question qui me venait le plus souvent est si j'aurais été capable de voir ces événements et surtout de faire quelque chose. Car le tout n'est pas de s'en apercevoir, mais c'est aussi de trouver le courage de s'opposer et de dénoncer. Mais se retrouver devant un adulte, un homme violent, capable non seulement de faire vivre l'enfer à sa famille mais aussi de menacer et frapper ou même tromper les personnes extérieures, cela fait réfléchir. Les dénonciations anonymes existent, mais après comment faire pour obliger les services sociaux à s'en préoccuper ? Et surtout comment faire pour convaincre les personnes victimes de maltraitance à témoigner, surtout face à la recrudescence de violence que cela peut engendrer si elles ne sont pas crues ?
Lizzie McGlynn a eu une vie incroyable, terrifiante très souvent, mais je vous conseille quand même la lecture de son témoignage, très révélateur et bouleversant ! Je te pardonne, papa n'est pas facile à lire, mais c'est une lecture nécessaire. Nécessaire afin de montrer la réalité de certaines personnes, comment la violence familiale peut encore faire des ravages considérables et surtout pour ouvrir les yeux et essayer de ne pas reproduire certaines erreurs.
Choquant et émouvant, Je te pardonne, papa est une autobiographie que je vous conseille.




Je ne pense pas que l'on puisse entièrement se remettre d'avoir été un enfant maltraité.
Si vous avez de la chance, vous apprenez à vivre avec. Mais cela vous poursuit toute votre vie,
d'une manière ou d'une autre, et cela déteint sur tous les aspects de l'existence.



Les enfants maltraités grandissent avec l'idée qu'ils n'ont aucune valeur,
qu'ils ne sont là que pour être utilisés par les autres de la manière qui leur plaira.

07/01/2016

Loin de la foule déchaînée, de Thomas Hardy

Loin de la foule déchaînée

Thomas Hardy





Jeune femme d'une grande beauté et au caractère impétueux, Batsheba Everdene hérite à vingt ans d'un beau domaine, qu'elle dirige seule.
Quand un incendie se déclare dans sa propriété, un ancien soupirant ayant connu des revers de fortune, Gabriel Oak, apporte une aide précieuse pour sauver ses récoltes. Elle lui procure un emploi parmi ses gens, mais devient l'élue de deux autres prétendants, bien décidés l'un et l'autre à obtenir sa main.
Oak s'avérera quant à lui d'une étonnante fidélité...



Je connaissais ce livre de Thomas Hardy seulement de nom. Mais après avoir vu le film, je me suis dit qu'il était peut-être temps de découvrir le roman !
Epoque Victorienne. Batsheba Everdene est une jeune femme d'une vingtaine d'années, très belle et avec un fort caractère pour une femme de cette époque. Lorsqu'elle hérite d'un domaine, elle décide de leur diriger seule. De son côté, Gabriel Oak est un fermier, qui a perdu son troupeau lors d'un accident, et qui avait précédemment proposé le mariage à Batsheba. Elle l'avait refusé, préférant garder son indépendance. Par hasard, Gabriel, lors de ses errances pour trouver un travail, sauve les récoltes de Batsheba, qui va lui donner un emploi. Les deux jeunes gens vont commencer une nouvelle relation, de maitresse à travailleur. Une relation qui n'est pas dépourvu de respect, étant donné que Gabriel est l'un des rares hommes à lui inspirer confiance et à pouvoir la conseiller. Deux autres hommes vont rapidement se disputer les faveurs de la jeune femme : le sergent Franck Troy, sûr de lui, séducteur, l'homme qui fait tourner la tête à toutes les filles ; et William Boldwood, un homme plus vieux d'une dizaine d'années, une personne de confiance, et possédant les terres voisines à celle de Batsheba. Deux hommes différents, deux relations différentes.
Comme toujours, Thomas Hardy nous dresse des portraits de personnages frappant de vérité. Batsheba est une jeune femme très déterminée, bien consciente des barrières élevées par sa condition de femme. Elle avance cependant sans faillir – ou presque. Très souvent sûre d'elle, elle va rapidement se frayer son chemin. De son côté, Gabriel est un homme très simple, sans arrière-pensées. Généreux de nature, il n'aspire qu'à aider et à se tenir aux côtés de Batsheba. On ne peut pas faire autrement qu'aimer ce personnage ! William Boldwood est l'autre homme que j'ai préféré : il aime Batsheba mais ne va pas tenter de tirer profit de la situation ou exercer une pression sur elle. Patient, déterminé, clairvoyant, il est à la fois sage mais aussi très triste, et sa vie m'a souvent tiré des soupirs de compassions. De son côté, Franck Troy est bien le personnage qui m'a le plus déplu, surtout pour son attitude désinvolte. Il se plait à jouer avec les sentiments des personnes qui l'entoure, il a de nombreuses failles qui peuvent émouvoir mais qu'il considère comme des faiblesses, il peut être charmant mais à son profit... Avec Troy et Boldwood, Thomas Hardy décrit à la fois la passion et l'amour fou, confronté à l'équilibre et l'assurance que peut donner l'estime.
En plus des personnages, Thomas Hardy nous montre de magnifiques paysages, notamment de la campagne anglaise, nourrit par des hommes désireux de s'occuper de leur pays, de leur terre et de leurs animaux. Un amour omniprésent de l'homme pour son environnement imprègne Loin de la foule déchaînée, le transformant en une ode à la Nature. C'est un auteur qui manie les mots avec brio et énormément de talent, j'ai été captivée du début à la fin par sa plume, son écriture et la façon dont il a campé personnages et histoires. Pour avoir lu précédemment Jude l'Obscur et Tess d'Urberville, je m'attends à un récit très sombre, très poignant... Mais, heureuse surprise, Loin de la foule déchaînée a beau être parfois violent ou dur, il n'est pas dénué d'espoir, de bonheur, et j'avoue ne pas avoir fini avec les larmes ou la boule au ventre ! C'est de loin le moins triste, le plus heureux livre que Thomas Hardy ait écrit, du moins dans ceux que j'ai lu !
Loin de la foule déchaînée est un roman magnifique, que je ne peux que vous encouragez à lire !



Chronique en + : l'avis de Lavinia !

11/06/2015

Deux sœurs pour un roi, de Philippa Gregory

Deux sœurs pour un roi

Philippa Gregory



« Je serai sombre, française, à la mode et difficile ; vous serez douce, ouverte, anglaise et belle. Quelle paire nous formerons ! Quel homme pourra nous résister ? » Tels sont les premiers mots prononcés par Anne Boleyn à l'endroit de sa sœur Marie quand elle la rejoint, en 1522, à la cour d'Angleterre.
Introduite au palais de Westminster, à l'âge de 14 ans, Marie Boleyn séduit le roi Henri VIII auquel elle donnera deux enfants. D'abord éblouie par le souverain, elle comprend qu'elle sert d'appât au milieu des complots dynastiques.
Quand l'intérêt du roi pour elle s'émousse, Anne est chargée de le séduire à son tour. Désir, haine, ambitions, trahisons.
Se déroulant sur quinze ans, cette fresque historique, racontée à la première personne par Marie Boleyn, dépeint les rivalités au sein de la dynastie des Tudor.
Une histoire qui se terminera dans le sang.




The Other Boleyn Girl
est
une nouvelle Lecture Commune, cette fois avec Bouchons des Bois et avec Wolf's Rain.
The Other Boleyn Girl raconte donc l'histoire des deux sœurs Boleyn, Mary et Anne, vu du point de vue de Mary. Mariée à William Carrey, Mary est obligée de répondre aux exigences de sa famille ambitieuse, et est présentée à la cour dans l'idée d'attirer l'œil du roi. A 14 ans, Mary va séduire roi Henri VIII et lui donner deux enfants. Quand l'intérêt d'Henry s'émousse, Anne Boleyn est à son tour jetée sur son chemin, pour le garder intéressé à la cause de la famille Boleyn, qui va recevoir de nombreuses terres et autres titres. Contrairement à Mary, qui était au début amoureuse du roi, Anne va tout faire pour renverser la reine légitime, Catherine d'Aragon, et devenir reine à sa place. C'est un travail de longue haleine, cela ne se fera pas en un jour, et comportera de nombreux dangers, notamment le fait d'assurer un héritier mâle au roi, d'éviter que celui-ci ne soit tentée par une autre femme. Une histoire de complots, d'ambitions, de dangers et de chausse-trappes !
(Attention, ce passage peut comporter des détails expliquant le livre !) Je connaissais déjà un peu l'histoire de The Other Boleyn Girl grâce au film de Justin Chadwick, que j'ai vu au cinéma en 2008. En parcourant les rayons d'un Book Off, je suis tombée sur le livre de Philippa Gregory. Curieuse, je l'ai achetée. Mais j'ai beaucoup traîné des pieds pour le lire, sachant que ce roman faisait hurler d'épouvante les historiens ou toute autre personne connaisseuse de cette époque. On peut citer de nombreuses digressions à l'Histoire. Mary Boleyn, pour commencer, n'était qu'une maîtresse du roi parmi tant d'autres et n'a jamais eu l'importance qu'elle a dans le roman. Ils se sont rencontrés en France, lors d'une mission diplomatique de Thomas Boleyn et où Mary l'accompagnait. Le roi s'en lassa vite, ils n'ont vraisemblablement eu jamais d'enfants ensemble (le roi ayant déjà reconnu un enfant légitime, on pourrait dire qu'il aurait pu reconnaître ceux de Mary s'ils avaient été les siens). Mary se retira vite de la cour pour laisser la place à sa sœur Anne. De même, la fille d'Anne et d'Henry, Élisabeth, n'a jamais été recueillie par Mary après la mort d'Anne. Au moment de sa mort, cela faisait longtemps que les deux sœurs n'avaient pas eu de contact, et on supposait que Mary vivait avec William Stafford, loin de la cour anglaise et sans aucune relation avec celle-ci. Ensuite, pour ce qui est de l'inceste entre Anne et George, c'est un détail qui a été alimenté par la propagande pro-henrycienne, mais qui n'a pas été confirmé à ce jour !
Donc, si vous recherchiez un roman historique tenant sur des bases solides, ne vous dirigez surtout pas vers The Other Boleyn Girl ! Mais Philippa Gregory, je lui reconnais ça, a fait un roman qui se lit très vite et très bien. Une fois qu'on s'est éloigné de l'effet historique raté, on peut davantage apprécier cette chronique familiale. Car c'est, du coup, cet aspect qui est le plus réussi et le mieux décrit dans ce roman.
On assiste à 15 ans de la vie d'une jeune femme dans les sables mouvants de la cour. Mary Boleyn est au départ une jeune fille timide, réservée, habituée à la seconde place. Alors, lorsqu'elle attire l'œil du roi et en tombe amoureuse, elle tombe aussi plus profondément dans les complots et la politique. La relation et le comportement des deux sœurs est vraiment très bien décrits : que ce soit l'une qui est douce, n'aspire qu'à vivre tranquillement avec ses enfants à la campagne, et Anne qui est ambitieuse, prête à toute pour accéder au trône, quitte à écraser quiconque se trouve sur son chemin. Une relation d'amour les unit, mais surtout de haine et de ressentiment. Autant Mary est un personnage très touchant, très doux, autant Anne, j'ai eu envie de la frapper à plusieurs reprises ! Les relations fraternelles sont vraiment très bien décrites et font le point fort du récit, la jalousie et l'amour entre Anne et Mary, les sentiments qui les unissent à Georges... De même, on voit les relations à la famille : ce n'est pas vraiment paix et amour, plutôt contrôle, lutte et domination. Les Boleyn sont prêts à tout pour finir à la plus haute position possible.
Une lecture très dense, et même si elle n'apporte pas de vérité historique, cela reste un roman très captivant, que l'on prend plaisir à lire ! J'ai passé un moment agréable dans l'ensemble, The Other Boleyn Girl est à lire pour passer une lecture très prenante du début à la fin.
Vous pouvez retrouver ici les avis de Bouchon et de Wolf's Rain.



Logo Livraddict

30/11/2014

Ruth, d'Elizabeth Gaskell

Ruth

Elizabeth Gaskell





Orpheline, la jeune et naïve Ruth est placée dans l'atelier de couture de Mrs Mason. Lors d'un bal, elle rencontre Henry Bellingham, un fils de bonne famille, avec qui elle noue bientôt une belle amitié, se muant en passion amoureuse, à rebours des conventions sociales.
Jugée « fille perdue », Ruth est congédiée. Elle se réfugie au Pays de Galles avec Bellingham qui l'abandonne dès qu'il apprend qu'elle est enceinte.
Tentée de se suicider, elle est recueillie par le pasteur Benson et sa sœur Faith, qui l'aiment et la respectent. La faisant passer pour veuve afin de lui éviter la disgrâce, ainsi qu'à son futur enfant, ils parviennent à la faire entrer au service d'un homme d'affaires, Mr Bradshow. Mais le retour de Bellingham menace son secret...
Avec Ruth, Elizabeth Gaskell trace le portrait émouvant d'une jeune victime de l'hypocrisie victorienne, toujours sûre de son bon droit et de ses préjugés.



J'ai déjà dévorée quelques livres de Mme Gaskell, dont Nord et Sud – mon coup de cœur absolu –, mais aussi Les amoureux de Sylvia, Cranford... Alors quand j'ai vu que Ruth allait faire l'objet d'une réédition dans la collection Archipoche (une branche des éditions de l'Archipel), vous imaginez bien que j'ai sauté sur l'occasion !
Dans ce roman d'Elizabeth Gaskell, on fait la connaissance de Ruth Hilton. Elle est devenue orpheline à ses seize ans, et a été confié à Mrs Mason, qui dirige un atelier de couture. C'est une femme très dure, qui dirige ses apprenties d'une main très dure, et Ruth est – on pourrait le comprendre – très triste et dépressive. Elle perd ses parents, elle se retrouve dans une situation où elle est rabaissée, elle n'a pas la moindre raison d'espérer que sa condition change en mieux.
Elle trouve une raison d'espérer lorsqu'elle rencontre Henry Bellingham, un fils de bonne famille. Elle voit d'abord à lui l'occasion d'avoir des rêves de beautés, puis un ami... Avant qu'ils n'entament une relation amoureuse, sans être mariés. Les conventions sociales vont être heurtées par cette relation, détruisant peu à peu ce qui unissait Henry et Ruth, déjà mis à mal par le côté mesquin d'Henry et par le sens moral de Ruth.
Rejetée, abandonnée, Ruth va aller seule dans le monde lorsqu'elle est congédié par Henry Bellingham. Anéantie, elle apprend qu'elle est enceinte. Anéantie peut-être, mais résolue à reconquérir son honneur et pour élever son fils dans un sens moral élevé. Heureusement qu'elle va trouver des bonnes personnes sur sa route, des personnes qui ne vont pas la rejeter. Elle va être recueillie par le pasteur Benson et sa sœur Faith, qui l'aiment et surtout la respectent. Ils vont la faire entrer au service de Mr Bradshow, en tant que gouvernante. Bellingham va évidemment refaire son entrée dans sa vie, et va la bouleverser profondément.
Ruth est sans conteste le roman religieux d'Elizabeth Gaskell. Dans l'Ancien Testament, le personnage de Ruth est la personnification même de la pauvreté et de l'humilité, ce qui est tout à fait conforme à la description de l'héroïne du roman. Grâce aux amis trouvés sur son chemin et grâce à sa droiture, Ruth va arriver peu à peu à reconquérir sa propre estime, celle des autres, mais aussi une certaine position sociale. Si elle était restée sous la houlette de Mrs Mason, elle serait restée une simple couturière. Mais en devenant la gouvernante de Mr Bradshaw, elle atteint un statut respectable, de même lorsqu'elle devient infirmière, une position qui la fait aimer des plus pauvres et des plus démunis. De jeune fille très naïve et innocente, elle devient une jeune femme, qui conserve une certaine innocence, mais qui comprend mieux la dureté de la vie et la bassesse de certains individus. Il y a eu péché à la base pour en arriver à cette position, mais un péché n'amène pas toujours que du mauvais. La droiture d'esprit de Ruth et l'enseignement reçu chez le pasteur vont la faire devenir meilleure et plus avertie. L'être humain est enclin à l'erreur, mais c'est une grande force que d'apprendre de ses erreurs et de là où on a péché. Échaudée, Ruth ne refera pas la même erreur et conservera toujours la même humilité face aux épreuves que la vie lui réserve. Mais certains ne sont pas disposés à apprendre, comme Henry Bellingham, qui est décidément un individu veule, sans honneur, et particulièrement détestable ! Le pasteur Benson et sa sœur Faith sont deux personnes particulièrement chaleureuses, des rayons de bonheur dans la vie de Ruth, au même titre que son fils. Bons ou détestables, il y a toutes les facettes chez les personnages décrits par Mme Gaskell !
Elizabeth Gaskell aborde des thèmes toujours aussi chers à son cœur, tel l'amour contrarié, la lutte des classes ouvrières, les femmes souvent démunies mais toujours forte d'une manière ou d'une autre, le déclassement qui peut arriver à n'importe qui... Ruth est un récit particulièrement fort, et qui ne peut pas laisser indifférent ! Après Nord et Sud, c'est mon autre chouchou ! On a beau lire les dernières pages le cœur gros et la larme à l'œil, il y a quand même une certaine forme d'espoir.
Ruth n'a pas été sans me rappeler Tess d'Urberville, de Thomas Hardy. Dans l'un comme dans l'autre, on a ce vil séducteur, prêt à tout pour séduire et plus une jeune fille innocente, qui se retrouveront toutes les deux enceintes... Et qui seront bien évidemment mis au ban de la société ! Après, les destins de ces deux personnages différent, mais je n'en dirais pas plus !
J'espère que Ruth vous plaira autant qu'à moi !


Logo Livraddict

05/11/2014

Villette, de Charlotte Brontë

Villette

Charlotte Brontë



Lucy Snowe, 14 ans, a développé une profonde affection pour le jeune Graham Bretton, fils de sa marraine. Leur attachement est mutuel, mais le père de Graham vient bientôt récupérer son fils...
Peu de temps après leurs adieux, Lucy doit quitter la maison. Après quelques hésitations, elle est engagée comme aide par Miss Marchmont, une dame handicapée. À la mort de celle-ci, pleine d'attentes et d'espoirs, Lucy prend un navire pour le royaume de Labassecour et sa capitale, Villette, où elle est employée comme institutrice à l'internat pour jeunes filles de Mme Beck.
Dans cette école, un certain Dr John rend souvent visite à la coquette Ginevra, dont il est amoureux. Mais on apprend que le Dr John n'est autre que Graham Bretton. Bientôt, Lucy et lui renouent...



Après lu Jane Eyre, je me suis intéressée aux autres œuvres de Charlotte Brontë.
Villette raconte l'histoire de Lucy Snow, une jeune femme origine d'Angleterre. Après sa vie chez sa marraine et la garde d'une vieille dame malade, elle décide d'aller tenter sa chance à Villette pour devenir professeur.
Villette est un roman très dense, avec une intrigue pour le moins captivante, mais c'est surtout un portrait de la société et des personnages vraiment très travaillés et acérés. Charlotte Brontë décrit avec précision les différentes sociétés qui se croisent à Villette, qu'elles soient de haute ou de moyenne condition, avec un jugement très sévère sur les jeunes femmes de bonne famille, qui n'attendent qu'un mari et sans le moindre souhait d'acquérir davantage d'éducation. La condition féminine, les choix et les métiers qui s'offrent à elle... Tout cela, Charlotte Brontë le décrit avec bio !
J'ai apprécié ce roman pour la touche encore plus personnelle que Charlotte Brontë lui a donné. L'auteur a, en effet, vécu un certain temps à Bruxelles, dans un pensionnat. D'abord étudiante, puis en tant que maîtresse d'anglais, son but était de parfaire ses connaissances et, à terme, de pouvoir créer son propre pensionnat de jeunes filles. Là-bas, elle a connu une grande passion avec un de ses professeurs, malheureusement marié. Cet amour secret aura de grandes répercussions sur la vie de Charlotte...
Villette est vraiment une excellente surprise, pour moi qui avait peur d'être déçue après l'immense coup de cœur qu'avait été Jane Eyre. Mais pour ne pas vous mentir, j'ai quand même toujours une préférence pour Jane Eyre ! En effet, je n'ai pas dévorée Villette d'un trait, sans jamais le lâcher. Il y a parfois des temps morts, des passages un peu moins « maitrisés » dans l'écriture... Mais je ne vois que ça, si je devais vraiment trouver des défauts à ce roman !
Les personnages sont la clé de voûte du récit. Lucy Snow est une jeune femme que j'ai trouvée à la fois ressemblante et différente de Jane Eyre. Elle a assez de cran pour partir dans un endroit inconnu, pour exercer un nouveau métier, avec des gens qu'elle ne connait pas. Mais en même temps, elle a une fragilité à fleur de peau, une faiblesse qui ne sera pas la même que pour Jane Eyre, ou peut-être plus visible et moins bien maîtrisée, tenue. Ensuite, Mr Paul Emmanuel est un professeur à la pension, qui va devenir l'un des amis de Lucy. Très différent de Rochester, il n'a pas le même charisme et la même prestance. C'est un petit personnage plus caricatural, mais dont les colères, parfois assez ridicules, m'ont beaucoup fait rire ! Ses dialogues et ses interactions m'ont interpellé, et les scènes où il apparait ne sont jamais ennuyeuses. Ce sont les personnages les plus marquants du récit, avec Mme Beck, la responsable de la pension, une femme à la fois antipathique et intéressante.
Par contre, pour avoir votre avis, il faut me pardonner, mais je vais faire un très gros SPOILER ! Alors, attention, ne lisez pas ce passage si vous ne voulez pas savoir la fin ! L'amour entre Lucy et Mr Paul Emmanuel va se développer peu à peu au cours du roman. Mais seulement voilà, à la fin de Villette, le professeur est parti aux Antilles et revient en bateau, qui coule... Alors est-il mort, ou est-il revenu pour épouser Lucy Snow ? Il y a débat sur cette question, et Charlotte Brontë a laissé cette fin volontairement vague, je pense. FIN DU SPOILER !
Donc, pour conclure, je dirais que Villette n'est pas le roman, classique ou de Charlotte Brontë, que je préfère, mais qui reste incontestablement un livre à lire absolument !



Les gens sensés disent que c'est une folie
que de croire que quelqu'un puisse être parfait ;
quant à aimer ou ne pas aimer, nous devons
être aimables envers tout le monde et n'adorer personne.



Logo Livraddict

30/10/2014

Emma, de Jane Austen

Emma

Jane Austen



Orpheline de mère, seule auprès d'un père en mauvaise santé, Emma Woodhouse, désormais la maîtresse de maison, s'est mis en tête de marier Harriet Smith, une jeune fille qu'elle a recueillie chez elle. Ce faisant, ne s'est-elle pas attribué un rôle qui n'est pas (ou pas encore) pour elle ? Son inexpérience des cœurs et des êtres, ses propres émotions amoureuses, qu'elle ne sait guère interpréter ou traduire, lui vaudront bien des déconvenues et des découvertes.


D'abord publié anonymement, Emma s'est révélée pour certains experts de Jane Austen comme l'une de ses œuvres les plus abouties. Pour moi, il a fait longtemps partie de mes préférés, avant d'arriver à la troisième place, derrière Orgueil et Préjugés et Persuasion.
Emma va être l'histoire d'Emma (je suis sûre que vous ne vous en doutiez pas !), une jeune fille de 21 ans. Décrite comme très belle et très intelligente, elle est aussi riche. Vivant seule avec son père, sa mère étant décédé lorsqu'elle était très jeune, Emma a toujours énormément compté sur elle-même. Pour pallier à
l'absence de sa mère, Miss Taylor a été engagé comme gouvernante pour Emma et sa sœur, mais tenait plus le rôle d'amie pour Emma. Heureusement qu'elle pouvait compter sur sa présence, car son père faible et hypocondriaque n'est pas le compagnon rêvé. Mais cette intimité est mise à mal lorsque Miss Taylor se marie avec un veuf aisé, Mr Weston, qui a un fils, Mr Franck Churchill, qui a été adopté par sa tante et son oncle après la mort de sa mère. Emma va être évidemment très heureuse pour son amie, tout en déplorant son absence.
Pour s'occuper et pour conjurer un peu sa solitude, elle devient intime avec Harriet Smith, et décide de la marier. Entraînée dans cette idée par le fait qu'elle pense être une excellente marieuse, Emma va peut-être s'attaquer à une affaire trop grosse pour elle et pour son expérience de la vie. Car, la jeune fille a beau être intelligente, elle n'en reste pas moins jeune, et son parcours n'est pas suffisant pour lui permettre de bien juger les personnages et les situations qui l'entoure.
Dans le même temps, Mr Weston annonce que son fils Franck devrait revenir quelques temps chez son père, suscitant l'intérêt de tout le village. Emma va être profondément curieuse de rencontrer enfin ce jeune homme, qui va finalement apparaître, donnant lieu à encore plus de commérages.
Emma est un de ces romans qui a beaucoup fait parler de lui. Unanimement, on reconnait Orgueil et Préjugés comme un chef d'œuvre, et les autres romans de Jane Austen sont décrits de manière très positive. Mais Emma occupe une place assez particulière, surtout dans la relation qu'ont les lecteurs avec l'héroïne. Emma a un caractère très fort (comme souvent avec les héroïnes de Jane Austen), et elle n'en fait qu'à sa tête, même si Miss Taylor réussit à la conseiller, de même que Mr Knightley. Mais malgré tout, Emma est consciente de son intelligence et avec la croyance qu'elle a de son habilité à décoder le monde, elle va souvent être persuadée de son bon droit. Grâce à sa position et sa fortune, elle peut se révéler parfois hautaine. Mais elle est fondamentalement gentille, sincère et honnête. Elle peut faire des erreurs, certaines plus graves que d'autres, mais elle va toujours essayer de se corriger, que ce soit parce qu'elle s'est rendue compte de son erreur ou parce que quelqu'un lui aura fait une remarque. C'est un personnage qui nécessite un temps d'adaptation, je ne suis pas sentie aussitôt proche d'elle comme j'ai pu l'être avec Elizabeth Bennet ou avec Anne Elliot, mais je l'apprécie énormément, et j'ai suivi son évolution avec beaucoup de plaisir !
Comme souvent, l'autre personnage marquant est un des héros masculins, ici Mr Knightley. Ah, celui-ci, je l'aime énormément ! Après Mr Darcy, bien sûr, mais à égalité avec le capitaine Wentworth. C'est le beau-frère d'Emma, et un de ses plus proches amis. Il n'hésite pas à critiquer la jeune fille et à lui mettre le nez sur ses défauts dès qu'elle en a besoin. Il a veillé sur elle depuis sa naissance et y est très attaché. C'est vraiment un homme intelligent, cultivé, mais surtout profondément honnête et intègre. Un homme, un vrai, un bon !

Les personnages secondaires sont tout aussi marquants et intéressants. Mr Woodhouse est plus caricatural, mais il m'a toujours fait sourire, notamment avec ses craintes concernant la nourriture et le bien-être des personnes qui l'entoure. Mr Elton est le type même du personnage auquel j'ai envie de mettre une gifle dès que je le vois. Mr Collins le dépasse de très peu ! Il est peut-être beau et intelligent, mais ses défauts sont beaucoup plus importants que ses qualités... Sa femme va également mettre les nerfs à vif, tant elle est insupportable et odieuse. Miss Bates m'a beaucoup fait rire, cette bavarde introduit des moments vraiment léger et drôle, mais à petite dose quand même ! Franck Churchill est un jeune homme tantôt agaçant, tantôt charmant, mais qui apporte du sel à l'intrigue, de même que Miss Jane Fairfax, qui m'a intriguée tout au long de l'histoire.
Comme toujours, Jane Austen campe dans Emma une histoire très réaliste, parsemé de ces petits détails qui font tout le charme de l'écriture de l'auteure. Toute l'histoire se déroule dans la vie quotidienne d'une petite ville, avec assez peu d'ouvertures sur le monde extérieur. C'est un des romans où on perçoit peut-être le plus les distinctions sociales et la hiérarchie des classes que ce soit par l'élite composé des Woodhouse et des Knightley, des professions distingués comme les clergymans, et ensuite les commerçants et fermiers. La relation entre Emma et Harriet Smith en est un exemple : la condition d'Harriet n'est pas sans tâche, ce qui a été remarqué à plusieurs reprises, et par Mr Knightley qui souhaite voir l'amitié se développer entre Emma et Jane Fairfax, qui sont de la même condition. Jane Austen prend plaisir à monter un suspense pour ses lecteurs, en laissant planer un mystère à propos d'un piano (en fait, c'est Jasper Fforde qui est passé par-là !), sur les sentiments de Franck Churchill, sur les liaisons entres les personnages...
Mais Emma aborde surtout la connaissance de soi-même et des autres. La plus grande difficulté pour Emma va être se confronter à elle-même et à ses propres sentiments, que ce soit lorsqu'elle a mal agi, ou les sentiments qu'elle éprouve pour son entourage. Elle va souvent se tromper sur ceux qu'elle aime, tout en restant souvent persuadée de se connaître. C'est un véritable roman d'apprentissage et un récit initiatique que nous propose Jane Austen ! Mais Jane Austen va nous renvoyer également un message très fort sur la société et sur les femmes. Emma Woodhouse est décrite comme très féministe : elle est riche, c'est elle la maîtresse de maison, elle est indépendante... Et tout cela sans se marier ! Ce qui la pousse souvent à déclarer qu'elle ne se mariera jamais, préférant rester vieille fille, car se marier ne pourrait rien lui apporter de plus à ce qu'elle possède déjà.
L'ironie et l'humour sont toujours bien présent, notamment l'ironie des situations engendrées par l'ignorance et par le décalage entre une vision du monde et la réalité. Emma va souvent se mettre des fausses idées en tête, et la chute sera souvent douloureuse lorsqu'elle se rendra compte de ses erreurs ! Mais on est obligés de sourire devant certains personnages, comme Mr Woodhouse ou Miss Bates, qui apportent leur lot d'amusement et de caricature.
Une chronique un peu longue, mais il y a tellement de choses à dire sur Emma ! Peut-être le plus controversé de Jane Austen, mais définitivement à lire, mais surtout à relire afin de mieux détailler et analyser tous ces détails pas forcément perceptibles à la première lecture.

Si vous en avez l'occasion et l'envie, je vous conseille vivement de regarder Emma, la mini-série de 2009 de la BBC. Le scénario a été fait par Sandy Welch, qui a pu travailler notamment sur le Jane Eyre de 2006 ainsi que sur Nord et Sud. Vous pourrez y retrouver Romola Garai (Emma), Jonny Lee Miller (Mr Knightley) et Michael Gambon (Mr Woodhouse), et qui est pour moi une des meilleures adaptations !


Logo Livraddict

14/09/2014

La bienfaitrice, d'Elizabeth Von Arnim

La bienfaitrice


Elizabeth Von Arnim



Anna Estcourt, vingt-cinq ans, emménage dans une petite propriété du Nord de l'Allemagne dont elle hérite à la mort de son oncle. Jolie, intelligente mais sans fortune, elle a grandi jusque-là avec son frère, sous la coupe de la femme de celui-ci, Susie.
Désormais en possession d'un revenu confortable, elle contrevient aux convenances de l'époque en ne se mariant pas, afin de conserver son indépendance. Mieux, elle propose généreusement un toit aux dames en détresse de sa nouvelle contrée, afin que celles-ci puissent faire de même - altruisme dont elle ne tardera pas à peser les inconvénients...



Mon envie de découvrir des classiques m'a permis de faire la connaissance d'Elizabeth von Arnim et son roman La Bienfaitrice.
Anna Estcourt est une jeune femme de vingt-cinq ans, très jolie mais démunie, et de ce fait, vivant avec son frère et sa femme, Susie. Ne possédant pas de fortune personnelle, elle est obligée de se conformer aux usages de sa belle-sœur et de la société.
Jusqu'au jour où son oncle lui lègue à sa mort une propriété au Nord de l'Allemagne, qui va lui apporter des revenus confortables. Anna va pouvoir ainsi conquérir son indépendance, lui permettant de vivre la vie qu'elle a toujours voulue. Avoir son indépendance propre sans dépendre d'un mari, et surtout mettre sa nouvelle maison au service de dames en détresses, leur apportant un toit et de la chaleur.
La Bienfaitrice est un de ces classiques dont je ne regrette absolument pas la découverte et la lecture !la bienfaitrice,elizabeth von arnim,classique Surtout que dans l'édition du livre que j'ai achetée, on a droit à une préface retraçant la vie d'Elizabeth von Arnim, qui a eu une vie pour le moins fascinante et, surtout, peu conventionnelle. On peut notamment découvrir qu'elle a été la maitresse de H.G Wells, elle a été mariée deux fois, dont un divorce. Elle était une femme très intelligente, cultivée, et qui semblait bien décidée à ne pas respecter certaines conventions de son temps, qui déteint sur son héroïne Anna Estcourt.
Un roman qui n'est pas sans rappeler certaines auteures de la même époque, comme Elizabeth Gaskell, Jane Austen, ou les sœurs Brontë... Elles ont en commun d'avoir une vie intéressante, même si parfois un peu « recluse » et qui ont permis l'écriture de romans très forts, qui continuent d'exister à notre époque. Des romans intenses, inoubliables, avec comme thème l'indépendance, le féminisme, la place de la femme dans la société, et surtout des personnages tous très habilement décrits, avec une psychologie développés, ainsi qu'avec une ironie présente en filigrane tout au long de l'intrigue. Elizabeth von Arnim a une plume captivante, qui emporte dans les événements décrits.
Elizabeth von Arnim prend un grand plaisir à décrire ses personnages, et nous avec. Anna Estcourt est parfois naïve, mais toujours combattive et intéressante. La belle-sœur, Susie, est particulièrement horripilante et crispante, elle souhaite passer pour généreuse, alors qu'elle n'est qu'égoïsme. Et Alex Lohm est un personnage que j'aurais aimé voir plus présent, car c'est un de mes préférés, vraiment très charismatique, un grand gentleman. Un autre personnage, Klutz, m'intéressait avant de commencer La Bienfaitrice, car on m'avait dit qu'il ressemblait beaucoup à Collins dans Orgueil et Préjugés. C'est vrai qu'il peut y avoir une petite ressemblance, particulièrement dans certaines scène où il se rend assez ridicules et m'ont beaucoup fait rire !
Un portrait de la gente féminine très nuancé, très amer, qui pousse à réfléchir. Heureusement que les mentalités ont (un peu) évoluées ! Les femmes n'ont pas d'autres choix que de se marier et d'obéir à son mari, et un comportement « déviant » est très mal vus, que ce soit par une volonté d'indépendance ou par un caprice du destin.
Une écriture addictive, pour une histoire passionnante et des personnages très bien campés, je dois dire qu'Elizabeth von Arnim est une vraie révélation, j'ai adorée La Bienfaitrice, et je dois dire que maintenant, j'ai vraiment envie de découvrir l'intégralité de ses œuvres ! N'hésitez surtout pas à découvrir ce roman, plus que passionnant.
Une description ironique de la société, des mentalités différentes qui se heurtent, des drames, des sentiments, La Bienfaitrice ait un excellent moment de lecture !





Logo Livraddict

10/09/2014

Jane Eyre, de Charlotte Brontë

Jane Eyre

Charlotte Brontë







Jane Eyre est pauvre, orpheline, pas très jolie.
Pourtant, grâce à sa seule force de caractère, et sans faillir à ses principes, elle parviendra à faire sa place dans la société rigide de l'Angleterre victorienne et à trouver l'amour...
Une héroïne qui surmonte les épreuves sans perdre foi en son avenir, une intrigue où se succède mystères et coups de théâtre, une passion amoureuse qui défie tous les obstacles : le plaisir de lire Jane Eyre est toujours aussi vif.
Comme elle, on veut croire que rien n'est écrit d'avance et que la vie réserve des bonheurs imprévus.



Jane Eyre est une orpheline, âgée de 10 ans, recueillie par sa tante, Mrs Reed, qui avait promis à son mari, sur son lit de mort, de l'élever. La fillette est cependant très mal traitée, à la fois par sa tante et par ses cousins, qui n'hésitent pas à la harceler. A la suite d'une forte rébellion, Jane Eyre est envoyée à l'internat de Lowood, où les conditions de vie sont absolument effroyables. La petite fille s'y fait une amie sincère,

Helen, qui décède malheureusement de la tuberculose. Après cette épidémie, les conditions de vie de l'internat changent et il devient un établissement de qualité.
Après huit ans à Lowood, six ans en tant qu'étudiante et deux ans en tant que professeur, Jane Eyre décide de changer de vie, elle passe alors une annonce dans un journal pour un travail de préceptrice. Jane est alors contactée par Mme Fairfax pour qu'elle fasse l'éducation d'Adèle, la protégée de Mr Rochester, un homme fortuné, propriétaire de Thornfield.
Jane apprend à connaître Mr Rochester, un homme qu'elle va bientôt admirer et aimer profondément. C'est un homme qui peut sembler hautain, imprévisible, mais surtout qui dissimule un caractère profondément humain, qui se sent parfois seul. Il va s'intéresser rapidement à Jane, lui vouant un attachement très profond.
Mais, suite à une annonce qui va remettre en cause tout ce qui les reliait, Jane va s'enfuit de Thornfield, désespérée. Sans argent, errant dans une région inconnue, elle se retrouve, presque mourante, devant la maison de la famille Rivers. Elle se lie d'amitié avec Mary et Diana, ainsi que de leur frère, le pasteur St-John Rivers. Elle se lie de plus en plus avec St-John, qui exercera sur elle une grande influence.
Jane Eyre est apparemment un roman qui reprend beaucoup des éléments de la vie de son auteur. La mort d'Helen avec la tuberculose provient de la mort de deux sœurs de Charlotte Brontë, morte de la même maladie suite à des mauvaises conditions dans leur école. La vie dissolue et l'alcoolisme de John Reed rappelle Branwell, le frère de Charlotte, devenu opiomane et alcoolique quelques années avant sa mort.
Jane Eyre fait partie de ces ouvrages classiques anglais absolument magique et prenant, au même titre qu'Orgueil et Préjugés, Nord et Sud, Les Hauts de Hurlevent, ou Autant en emporte le vent, par exemple. Charlotte Brontë possède ce talent de décrire une histoire, des personnages, les sentiments de manière unique. L'atmosphère et la poésie qui se dégage de Jane Eyre est absolument parfaite, c'est un véritable chef d'œuvre avec une histoire d'amour absolu.
La grande force du roman est d'être écrit à la première personne, ce qui rend l'héroïne très proche, très

familière. Je me suis rapidement attachée à ce personnage, qui s'avère à la fois très forte mais aussi parfois très fragile. Les traitements de sa tante et de son cousin l'ont endurci, de même que la mort de son amie, la rendant plus sauvage. C'est une personne qui n'a pas peur de dire ce qu'elle pense, très inhabituel pour une femme de cette époque ! Elle n'hésite pas à exprimer toutes ses pensées, notamment devant Mr Rochester, ce qui va les rapprocher. Pour aider ses amis, Jane Eyre n'hésite pas à se dévoiler, à les défendre de toutes les manières possibles. Comme le dirait Mr Rochester, c'est une fée, vivant dans son monde, avec sa vision du bien et du mal, sa propre perspective du monde qui l'entoure. Jane Eyre est à la fois dure et douce, parfois énigmatique. Mais la révélation de ce roman ne tient pas seulement à Jane Eyre, il tient aussi et principalement à Mr Rochester (à égalité avec le Darcy de Jane Austen et Thornton de Nord et Sud, pour ce qui est de « l'homme idéal » !). C'est un homme souvent dur, emporté, passionné, qui n'hésite pas à braver les interdits. Il est presque impossible de décrire ce personnage tant il est complexe. Un homme ténébreux, viril, qui n'hésite cependant pas à exprimer ses sentiments...
Charlotte Brontë a empreint Jane Eyre de poésie, il n'y a aucune longueur, pas d'ennui, je me plonge à chaque fois dans ce livre avec autant d'enchantement qu'à ma première lecture. On s'immerge dans chaque phrase du récit, ce qu'on lit, on le ressent ! Chaque détail, minuscule ou non, est important. Avec les descriptions de l'auteur, on se représente très bien les personnages, le château où on a l'impression de

déambuler ou les paysages avec le vent qui souffle et le soleil qui brille. Jane Eyre fait l'effet d'une porte ouverte sur un autre univers, où nous pouvons nous promener. C'est une histoire à la fois très dure, très sombre, mais aussi remplie de beautés et d'amour.
Charlotte Brontë a réussi à conter dans Jane Eyre une histoire excellente, très puissante, avec des éléments « classiques », comme la vieille demeure, l'amour entre deux personnes de rangs différents, les secrets, la jalousie, de manière unique et bien à elle ! En outre, la fin est très habilement menée, à l'image du récit entier. Jane Eyre fait partie de ces récits dont je ne me lasse pas, malgré le nombre de fois où je l'ai lu ! Et surtout je tiens à remercier l'écrivain Jasper Fforde et son roman L'Affaire Jane Eyre, qui m'a fait découvrir ce merveilleux récit de Charlotte Brontë !



Un mot qui part du cœur
peut exprimer autant de souhaits
que de nombreuses paroles.



Logo Livraddict

12/08/2014

Persuasion, de Jane Austen

Persuasion
Jane Austen






Sous le vernis d'un genre, chacune des phrases de Jane Austen attaque les conventions, traque les ridicules, et finit avec une grâce exquise par pulvériser la morale bourgeoise, sans avoir l'air d'y toucher.
Les héroïnes de Jane Austen lui ressemblent, elles aiment les potins mais détestent bavardages, grossièreté et vulgarité. La pudeur, le tact, la discrétion, l'humour sont les seules convenances qu'elles reconnaissent...
Et si Jane Austen mène les jeunes filles au mariage, c'est fortes d'une telle indépendance qu'il faut souhaiter au mari d'être à la hauteur !
A lire yeux baissés et genoux serrés pour goûter en secret le délicieux plaisir de la transgression des interdits.


persuasion,jane austen,classiqueAnne Elliot est la fille de Sir Walter Elliot, un baronnet vaniteux, dont la femme est morte il y a des années. Anne a deux sœurs : Elizabeth, aussi vaniteuse que son père, et Mary, qui ne cesse de se plaindre.
A 19 ans, Anne était fiancée à Frederick Wentworth, un officier de marine. Mais sur les conseils de Lady Russell, qui pense qu'un officier en début de carrière, sans relation, à l'avenir incertain, n'est pas digne d'elle, la jeune femme se laisse persuader de rompre leur engagement. A 27 ans, Anne est donc ce qu'on peut appeler une « vieille fille », sans véritablement d'avenir.
A ce moment, à cause de difficulté financière, son père doit louer sa propriété et aller s'installer plus modestement à Bath. Sa sœur ainé et son père à Bath, Anne s'installe chez sa sœur Mary, qui habite non loin de Kellynch. C'est alors que réapparait Frederick Wentworth ! Avec, on peut le comprendre, une certaine amertume vis-à-vis d'Anne et de sa facilité à s'être laissé convaincre par son amie. Avec un nouveau grade élevé et une richesse en conséquence, le capitaine Wentworth cherche à se marier et devient l'un des partis les plus en vogue, tourmentant ainsi Anne, toujours très amoureuse, tandis que le jeune homme se méfie et préfère la compagnie d'autres femmes.
Persuasion est l'un des romans de Jane Austen que je préfère. Certes l'histoire peut avoir des traits communs avec ses autres romans, ce que j'ai souvent entendu dire, mais Jane Austen réussit toujours à me surprendre, à m'émerveiller et à m'emporter dans une histoire d'amour, de doute...
Le point fort de l'écriture de Jane Austen est sa description des personnages. Anne était belle, mais à 27 ans, a perdu l'éclat de la jeunesse. C'est une personne fragile, parfois trop influençable par les personnages qui lui sont chères, mais a une grande force de caractère, un esprit vif, et une personne à qui son entourage aime à venir se confier. Lucide et responsable, elle reconnait ses torts et sait reconnaitre une seconde chance lorsqu'elle la voit. Anne est la plus touchante des héroïnes de Jane Austen, car c'est la plus solitaire (pas de sœur à qui se confier comme dans Orgueil et Préjugés, pas de conseiller comme dans Emma...). Son amie, Lady Russel, est respectée, mais a beaucoup trop de préjugés, ce qui empêche Anne de se confier à elle, ce qui fait que le lecteur est le seul au courant de ses regrets, de ses réflexions sur ce qui l'entoure. Une mère partit trop tôt, rejetée par sa famille, Anne est seule et en souffre, mais parvient à se rendre indispensable pour la majorité des gens qui l'entoure, et a une ironie et une autodérision typiquement « Austen ». Son bon caractère et ses qualités lui font avoir l'admiration de tous, au fil du temps, excepté de sa famille...
Frederick Wentworth est l'autre personnage phare de Persuasion. Un nouveau héros de Jane Austen qui est vraiment très bien décrit et charismatique, le seul à avoir gagné sa position sociale et sa fortune à ses mérites au lieu d'être propriétaire d'un domaine ou membre du clergé. Courageux, intelligent, charismatique, bel homme, Frederick est bien considéré par la majorité des personnes qu'il rencontre. Anne est toujours autant amoureuse de lui qu'auparavant et regrette tout ce qui s'est immiscé dans leur bonheur de l'époque. De son côté, l'amertume et le ressentiment sont présents et tenaces au début du récit, ce qui rend leur relation tendue lors de leur retrouvaille.
La magie Austen opère dans ce livre posthume. J'ai été transportée dans l'Angleterre de l'époque, avec ses codes, dans les maisons de la bourgeoisie ou dans les maisons plus humbles, dans l'enchanteresse campagne anglaise, dans les réunions et autres soirées de la société, sur fond de mélancolie et de critique de la société.
Si vous ne connaissez pas encore Jane Austen (!!!), Persuasion est l'un de ces romans qui vous feront aimer la plume inimitable de cette auteur !




Logo Livraddict

20/06/2014

La Petite Dorrit, de Charles Dickens

La Petite Dorrit
Charles Dickens




 


La petite Dorrit a vu le jour dans une prison où son père est enfermé, avec toute sa famille, après avoir fait faillite. La petite Dorrit se dévoue pour les siens, notamment en travaillant pour Mme Clennam. C'est chez cette femme étrange qu'elle rencontrera Arthur...
Mais des biens ignorés vont rendre les Dorrit subitement très riches. La petite Dorrit saura-t-elle garder sa modestie et son humilité ? La vie sera-t-elle devenue si belle ?


Je me réattaque aux classiques, notamment avec le grand maître Charles Dickens. Après un passage sur le blog de Perséphone (la tentatrice !), j'ai appris que la BBC avait adapté La Petite Dorrit en une série de 14 épisodes. Avant de commencer la série, je voulais d'abord découvrir le roman.
Mais, à ma grande surprise, en essayant de trouver ce livre, je me suis aperçue que La Petite Dorrit avait été publié seulement en version abrégée pour les enfants et en version originale à la Pléiade. Autant dire qu'on ne le trouve pas à tous les coins de rues... Heureusement, je l'ai quand même trouvé à la médiathèque (ouf !), en espérant que La Petite Dorrit soit un jour accessible plus facilement (si un éditeur passe par là, s'il vous plaiiit !), surtout si la série de la BBC se fait connaître et diffuser en France, cela pourrait booster les ventes ! ÉDIT : ma prière a été entendue, merci à Archipoche qui a repris ce roman !

La Petite Dorrit est le onzième roman de Dickens, et publié d'abord sous la formes de feuilletons entre 1855 et 1857. Œuvre satyrique et politique, Dickens y dénonce les méthodes des prisons pour dettes, les conditions de travail, la bureaucratie et la politique.Arthur Clennam revient d'un séjour de 20 ans en Chine où il habitait avec son père, pour se rendre chez
sa mère à Londres. C'est la mort de son père qui pousse Arthur à essayer de se rapprocher de sa mère, qui refuse d'expliquer les raisons de sa brouille avec son mari. Leurs divergences d'opinions vont faire s'éloigner encore davantage ces deux personnages.
A Londres, dans la prison de la Marshalsea, William Dorrit est emprisonné pour dettes depuis si longtemps que ses trois enfants ont grandies dans la prison. Amy, surnommée la Petite Dorrit, est le pilier centrale de sa famille, très attachée à son père, qui lui doit sa subsistance, notamment grâce aux travaux de couturière d'Amy chez Mme Clennam, c'est là que ces deux personnages se rencontrèrent. Arthur va rapidement découvrir où la Petite Dorrit vit, et essaye de mettre un terme à la situation de la famille, tout en s'associant à un inventeur, Daniel Doyce. Après de nombreuses investigations, la découverte d'une fortune destinée aux Dorrit refait surface. De quelle manière cela va-t-il faire changer chacun des membres de la famille ?
Pour cette plongée dans le monde de Dickens, je ne pouvais choisir mieux. Certes, les 100 premières pages ont été un peu difficile, pour bien me plonger dans l'intrigue, pour me retrouver dans les personnages nombreux et complexes, mais une fois bien plongée dans l'histoire d'Amy, d'Arthur et de la prison Marshalsea. Dickens a ce talent incroyable de maîtriser ses personnages du début à la fin, il les présente de telle manière qu'ils sont incroyablement vivants et intense, avec des caractères différents, variés, et surtout, soit très attachant, soit complètement rebutant, mais en tout cas tous captivants !
Mais ce sont les deux personnages principaux qui font toute la saveur du récit. Amy est une petite
personne remplie de bonté et d'amour pour le monde qui l'entoure, tout particulièrement envers sa famille et les gens qui lui sont cher, comme Arthur Clennam. De son côté, ce personnage souffre d'un grave manque de confiance en soi (ce qui le rend super trognon !). Il souffre profondément de l'indifférence de sa mère, manque d'assurance et ne voit pas toujours ce qui crève les yeux.
Le mystère plane sur le récit, et les connexions entre tous les personnages se révèlent peu à peu, avec leur lot de surprises, et au-dessus des révélations, des surprises, planent l'ombre de la Maréchaussée, qui en devient l'un des personnages principaux, tant son influence est grande sur la vie et la construction des différentes personnes qui vivent dans son ombre.
La Petite Dorrit est l'un de ces romans que j'ai pris un immense plaisir à découvrir, et j'espère bien pouvoir le voir davantage dans les rayons des librairies au cours des prochains mois ou années !




La plupart des hommes sont assez fidèles à eux-mêmes
pour rester fidèles à une vieille illusion.
Ce n'est pas une preuve d'inconstance, mais bien plutôt le contraire,
si cette illusion ne peut pas soutenir la comparaison avec la réalité,
et si le contraste lui porte un coup fatal.




Logo Livraddict