27/02/2019

Shtum, de Jem Lester


Shtum - Jem Lester


Stephane Marsan
16 Janvier 2019
20 €









Ben a presque tout raté dans sa vie. Sa carrière est au point mort, son couple part à vau l'eau, son fils est « différent ». À dix ans, Jonah ne parle pas.
Lorsqu'ils sont tous deux contraints d'emménager chez le père de Ben, trois générations d'hommes un qui ne sait pas parler, deux qui s'y refusent sont réunies sous le même toit. Alors que Ben engage une bataille juridique éprouvante pour obtenir le placement de son fils dans un établissement spécialisé, Jonah se rapproche de son grand-père dont les jours sont comptés.
Et cet homme qui n'a jamais révélé le secret de ses origines, se met à parler, pour la première fois, à ce garçon qui n'a pas de mots pour lui répondre. C'est peut-être l'occasion pour Ben de se rendre compte que sa plus grande réussite, c'est son fils.


Cela faisait longtemps que je voulais découvrir les éditions Stéphane Marsan. C'est maintenant chose commencée car j'ai lu ce roman, Shtum, mais également Power. Et Les immortalistes ainsi que L'oiseau captif m'attendent dans ma PAL !
A part cela, qu'ai-je pensé de Shtum ?
Nous allons suivre l'histoire de Ben. Un homme fragile, qui a été longtemps alcoolique et, suite à son licenciement de son travail, il a repris la boîte de son père, contrait et forcé. Emma, sa compagne, est tombée enceinte de manière inattendue. Et lorsque Jonah arrive, il s'avère que l'enfant est autiste. Avoir un enfant est souvent dur, notamment pour le premier. Les parents hésitent souvent, tâtonnent, et dans le cas de Jonah c'est le cran au-dessus. Il a 11 ans mais est toujours incontinent, il n'a pas prononcé un mot depuis qu'il a trois ans et son comportement est toujours imprévisible. Au bord de la rupture, Ben et Emma ne voit que comme solution le fait que Jonah puisse intégrer un établissement spécialisé, au sein d'une équipe formé et qui puisse permettre à l'enfant de s'épanouir. Mais ce genre de structure est rare, et surtout très chère...
Alors, Emma propose une solution radicale : faire « semblant » de se séparer, que Ben soit celui qui garde Jonah et retourne vivre chez son propre père, afin d'attester que l'état familial ne permet pas de donner des conditions de vie optimale à l'enfant. Chez son père, Ben va non seulement se découvrir dans son rôle de père et de devoir tout gérer – des couches jusqu'aux papiers pour l'école – mais aussi se découvrir un nouveau rôle de fils. En effet, sa relation avec son père est très difficile, le vieil homme se rapproche énormément de son petit-fils et lui révèle des choses qu'il n'a jamais dite à son propre fils.
Trois générations, trois personnes, trois vies différentes... Des drôles de mélanges parfois, mais qui ne peut qu'émouvoir !
Shtum est livre bouleversant, du début à la fin, et pour toutes les thématiques qu'il aborde ! Il y a – évidement – le thème de la parentalité. Avoir des enfants peut être un véritable challenge, que ce soit pour éduquer un petit être qui dépend de toi mais aussi bien à cause des personnes qui nous entourent (« Tu fait comme ça ? », « J'aurais fait ça... », « Mais laissez-le donc pleurer un bon coup ! »). Pour ma part, je ne veux pas d'enfants, mais je respecte le choix des autres personnes, et j'admire beaucoup leur courage ! Avoir des enfants peut parfois être dur, mais lorsqu'on a un enfant qui s'avère « différent » des autres, cela peut amener encore plus de bouleversements... Dans le cas de Jonah, il y a le fait qu'il soit « en retard » par rapport à un enfant de son âge, qu'il y a peu de chance qu'il vive une vie autonome et doive sans doute passer le reste de sa vie soit dans un établissement spécialisé soit dépendant de quelqu'un. Pour un parent, je n'imagine même pas quel tourment de voir son enfant endurer ce que Jonas doit endurer. Mais il y a aussi la fatigue nerveuse et psychologique que subissent ses parents, la fatigue constante, la peur, parfois l'énervement... Il y a cette tension énorme vécue par Emma et Ben, mais aussi l'amour immense qu'ils portent à leur enfant, comme n'importes quels autres parents. Dans le sujet de la parentalité, comme je le disais, il y a aussi la relation père/fils de Ben et de son père, qui est également très tendue mais tout aussi bouleversante que celle de Ben et Jonah. Jem Lester aborde aussi – bien évidemment – le sujet de l'autisme. L'auteur a lui-même un enfant autiste, et ce qui l'a poussé à écrire ce roman est l'énervement à la question : « Quel est le talent particulier de votre enfant ? ». Car on parle de plus en plus de l'autisme, et particulièrement des Asperger (notamment depuis Rain Man), des personnes qui présentent des certes des comportements différents mais aussi des capacités accrues dans certains domaines (comme la capacité à multiplier un grand nombre de chiffres sans calculatrice). Mais toutes les personnes autistes ne sont pas des Asperger, et tout les Asperger ne sont pas pareils. Parce que ce sont des personnes avant tout, et chaque personnes a ses limitations, ses talents et sa propre histoire. Jem Lester parle également que l'autisme est encore très méconnu à notre époque, qu'il y a peu de personnes formés pour s'occuper de ce trouble du comportement, et peu d'endroits pour les accueillir. Comment gérer ces situations ? Comment aider les parents, très souvent démunis ? Comment aider ces enfants et ces adultes, trop souvent rejetés par la société parce que trop « différents » ? Pour finir avec les sujets de Shtum, j'ai également énormément apprécié la relation de couple entre Emma et Ben. C'est un couple qui a ses problèmes, ses dysfonctionnements, et je trouve que Emma illustre parfaitement un sujet dont on parle de plus en plus et qui s'appelle la charge mentale. C'est la jeune femme qui est le pilier du groupe et de la famille. Non seulement elle a un travail prenant, mais elle doit aussi gérer son fils – souvent difficile – mais également soutenir à bras le corps son mari. J'ai eu (TRÈS) souvent envie de mettre une paire de claque à Ben pour le réveiller. Même si il doit gérer la perte de son travail et un nouveau travail qu'il n'aime pas, gérer la fin de son alcoolisme, mais aussi une certaine tendance à la dépression, il se repose absolument sur tout sur sa femme. La maison, le fils, l'organisation du quotidien, TOUT passe par Emma. Alors lorsqu'il se retrouve à gérer seul son fils, il s'empresse de se reposer sur son père, chez qui il va habiter. Il ne sait pas comment faire pour s'occuper des démarches pour trouver une nouvelle école pour son fils, vu que c'est sa femme qui s'en occupait. Il ne sait pas toujours comment calmer Jonah, vu que c'est Emma qui s'en occupait souvent. Etc, etc, etc... Je dois avouer avoir eu souvent envie de le secouer pour qu'il se réveille, ce qu'il fait petit à petit. Car même s'il n'est pas toujours au point (mais bon, qui est au point?), il aime son fils et veut ce qu'il y a de mieux pour lui. Alors, au pied du mur, Ben se secoue pour tenter d'offrir d'autres chances à son enfant.
Je dois avouer que j'ai été vraiment embarquée avec Shtum, et le dernier tiers du roman m'a tout particulièrement émue... Mais je n'en dirais pas plus ! Je vous conseille vivement ce roman.







Chronique en + : l'avis de Mes échappées livresques !

8 commentaires:

  1. oh un roman touchant ! Je ne connaissais pas du tout

    RépondreSupprimer
  2. je ne connaissais pas ! merci pour la découverte

    RépondreSupprimer
  3. Moi aussi je compte découvrir les éditions Stéphane Marsan très prochainement, d'abord grâce à Power, puis avec Les immortalistes. Peut-être que celui-ci trouvera sa place plus tard ^^ Merci pour cet intéressant billet :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'espère que tu appréciera tes lectures ! On pourra peut-être une petite LC avec Les Immortalistes, si ça t'intéresse :)

      Supprimer
  4. Le titre est super interpellant et les sujets abordés sont assez forts. Je le note pour mes lecteurs à la biblio, ça devrait leur plaire!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu me redira si tu a des retours de tes lecteurs sur ce livre :) !

      Supprimer

Vous êtes bien sur la messagerie du Chat, merci de laisser une petite patte de votre passage !