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09/10/2015

La couleur du lait, de Nell Leyshon

La couleur du lait

Nell Leyshon







En cette année 1831, Mary, une fille de 15 ans entame le tragique récit de sa courte existence. Simple et franche, lucide et impitoyable, elle raconte comment, un été, sa vie a basculé lorsqu'on l'a envoyée travailler chez le pasteur Graham, afin de servir et tenir compagnie à son épouse, femme fragile et pleine de douceur.
Elle apprend avec elle la bienveillance, et découvre avec le pasteur les richesses de la lecture et de l'écriture... mais aussi l'obéissance, l'avilissement et l'humiliation. Finalement, l'apprentissage prodigué ne lui servira qu'à écrire noir sur blanc sa fatale destinée. Et son implacable confession.



La couleur du lait était dans ma PAL depuis quelque temps et je ne m'étais pas résolue à le lire, malgré son petit nombre de pages et son résumé tentant. Heureusement que j'ai vu ce livre dans les achats de Le Brocoli de Merlin et qu'elle acceptée de faire une LC !
Année 1831. Mary est une jeune fille de 15 ans, donc la vie se résume aux travaux de la ferme paternelle. Elle y vit avec ses trois sœurs, sa mère – insensible – et son père – violent. Malgré le peu d'attrait de sa vie, c'est tout ce qu'elle connait. Alors, lorsqu'elle doit se rendre chez le pasteur Graham pour servir de garde-malade à son épouse, c'est un déchirement. Elle va malgré tout découvrir et apprendre : il peut y avoir de la bonté chez les personnes qui l'entoure, comme chez Mme Graham ; ou encore elle va apprendre à lire et à écrire auprès du pasteur.
Mais ce bref état de grâce va rapidement disparaitre, pour laisser place à la peur et à l'humiliation...

Avant la sortie de La couleur du lait, j'avais assistée à la réunion de rentrée littéraire où ce livre avait été présenté. Et malgré le fait que ça été un coup de cœur pour la personne qui l'a présenté, le côté « dur » avait été mis en avant, me faisant un peu reculer. Heureusement que ma (super) maman me l'a finalement offert !
C'est un roman très court, percutant, où chaque action arrive très vite. Le début nous présente Mary, le travail simple mais exigent à la ferme, ses relations avec sa famille... Plutôt mauvaise avec ses parents, je dois dire, en dents de scie avec ses sœurs, mais heureusement qu'elle a son grand-père ! L'intrigue s'accélère notamment lors de son arrivée chez le pasteur et sa femme, se transformant presque en huit-clos. Elle a peu de loisirs, ne revoit pratiquement plus sa famille... Une existence encore plus étouffante que sa vie précédente à la ferme ! De jeune fille bavarde et simple, elle se transforme en jeune femme dure et brisée. De fil en aiguille, les pages se dévorent, pour en arriver à une conclusion choquante, bouleversante, à tirer des larmes !
La couleur du lait est effectivement un livre très dur, bouleversant, mais que je ne peux que vous conseiller ! On se retrouve pris au piège, avec toujours l'envie d'en savoir plus sur Mary, si elle va s'en tirer, ce qui va lui arriver... Je ne peux pas trop en dire, évidemment, sauf que vous serez pris (j'espère) par cette histoire touchante et hors-norme.
A la fois réaliste, choquant et magnifique, La couleur du lait ne peut pas laisser indifférent !



Chronique en + : l'avis de Jess Swann et de Mya !

07/12/2014

Le Fils, de Philipp Meyer

Le Fils

Philipp Meyer



Le Fils de Philipp Meyer est porté par trois personnages – trois générations d'une famille texane, les McCullough – dont les voix successives tissent et explorent avec brio la part d'ombre du rêve américain.
Eli, le patriarche que l'on appelle " le Colonel " est enlevé à l'âge de onze ans par les Comanches et passera avec eux trois années qui marqueront sa vie. Revenu à la civilisation, il prend part à la conquête de l'Ouest avant de s'engager dans la guerre de Sécession et de devenir un grand propriétaire terrien et un entrepreneur avisé.
À la fois écrasé par son père et révolté par l'ambition dévastatrice de ce tyran autoritaire et cynique, son fils Peter profitera de la révolution mexicaine pour faire un choix qui bouleversera son destin et celui des siens.
Ambitieuse et sans scrupules, Jeanne-Anne, petite-fille de Peter, se retrouve à la tête d'une des plus grosses fortunes du pays, prête à parachever l'œuvre du « Colonel ». Mais comme ceux qui l'ont précédée, elle a dû sacrifier beaucoup de choses sur l'autel de la fortune.
Et comme tous les empires, celui de la famille McCullough est plus fragile qu'on ne pourrait le penser.



Le Fils est un des premiers livres que j'ai lu de cette rentrée littéraire 2014, et sans conteste un de mes préférés et un des plus marquants !
Dans Le Fils, nous allons avoir affaire à trois membres de la famille McCullough. Il y a le patriarche, Eli ou surnommé « Le Colonel ». Il y a son fils Peter. Et il y a Jeanne, la petite-fille de Peter.
On commence l'histoire d'Eli pendant sa jeunesse. On le découvre avec sa famille, avec son frère... A ses 11 ans, sa vie bascule lorsque les Comanches l'enlèvent. Il va tout d'abord être à la fois leur souffre-douleur, leur homme à tout faire. Mais petit à petit, il va faire son trou et devenir véritablement l'un des leurs. Lorsqu'il reviendra dans le monde « civilisé » des Blancs, la transition sera dure. Il partira à la conquête de l'Ouest, fera la guerre de Sécession, deviendra ensuite un grand propriétaire terrien et entrepreneur.
Son fils, Peter, est profondément différent. Il y a une grande incompréhension entre lui et Eli, tenant à la fois que Peter le considère comme un tyran, et Eli voit son fils comme un être faible.
La petite-fille, Jeanne, renoue avec la tradition du Colonel. Ambitieuse, prête à tout, elle dirige l'une des plus grosses fortunes du pays. Elle va malgré tout se rendre compte qu'être riche ne fait pas tout, et qu'elle passe à côté de beaucoup de joie de la vie.
On va alterner les histoires de ces différents personnages, passer de l'un à l'autre. Philipp Meyer réussit parfaitement à réunir trois générations, à mélanger leurs vies sans perdre son lecteur en route. Chaque récit est parfaitement complémentaire, tous sont intéressants et passionnants. J'ai toujours eu envie d'en savoir plus sur ces trois-là, de découvrir ce qui allait passer dans leur vie tumultueuse. Malgré tout l'intérêt de chacun de ces personnages, j'avoue tout de même avoir une petite préférence pour Eli, spécialement la période où il vit avec les Indiens ! C'est une époque, des lieux, une culture, des personnes, que j'aurais adorée connaitre. Bon, certes, il y a des moments que je n'aurais pas voulu vivre, certaines scènes sont assez dures à lire, mais vraiment fascinant à lire, et ça ne m'a poussé que davantage à me renseigner sur les coutumes et le mode de vie des Indiens. Ces moments m'ont un peu fait penser au livre de Joseph Boyden, Dans le grand cercle du monde. Philipp Meyer et Joseph Boyden partagent cette même poésie des grands espaces, ce même goût pour la culture des Indiens, ces descriptions si justes et si bien dosées...
Philipp Meyer a une écriture vraiment captivante, j'ai été embarquée dans une histoire de plusieurs décennies, découvrir tout un mode de vie, que ce soit celle des Indiens, des entrepreneurs, des propriétaires terriens, enfin des hommes et femmes vivant aux Etats-Unis à cette période.
Le Fils est un des romans les plus captivants et intéressants qu'il m'ait été donné de lire ! Si vous ne connaissez pas encore cet auteur, je ne peux que vous le recommander fortement ! Une grande fresque à lire et à faire découvrir.



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22/11/2014

L'Heure Indigo, de Kristin Harmel

L'Heure Indigo

Kristin Harmel









A Cape Cod, Hope s'affaire derrière les fourneaux de la pâtisserie qu'elle a hérité de sa grand-mère, mais entre la rébellion de sa fille, son récent divorce et ses soucis financiers, elle frôle parfois le burn out.
Aussi, quand sa grand-mère lui demande d'aller en France retrouver sa famille disparue pendant la guerre, Hope part-elle hésiter en quête de ce passé dont elle ignore tout...



L'Heure Indigo fait partie de ces livres qui m'ont attirée l'œil grâce à sa couverture, que je trouve très réussie, et ensuite à son résumé accrocheur.
Kristin Harmel nous raconte dans L'Heure Indigo l'histoire d'Hope, une jeune femme qui lutte pour garder sa pâtisserie surendettée hors de l'eau, entre les problèmes de son divorce, de sa fille adolescence en rébellion et sa grand-mère victime de la maladie d'Alzheimer. A cause de tout ça, Hope est vraiment dans une grande phase d'apitoiement et de dépression (pas surprenant quand même !), elle est en surmenage, avec assez peu de personnes pour l'aider. Elle va retrouver un peu de curiosité lorsque sa grand-mère, dans une phase de lucidité, va lui donner une liste de nom : ce serait apparemment sa famille, que Hope doit retrouver.

Tout d'abord très réticente et hésitante, Hope va finalement se lancer dans cette enquête, poussée par la curiosité et par sa fille. Armée de quelques maigres indices, elle va s'envoler pour Paris et tenter de comprendre l'énigme. Sans dévoiler toute l'intrigue, je dirais seulement que c'est une histoire qui tourne autour des Juifs et de la Seconde Guerre Mondiale, un sujet plutôt sensible et dur...
L'Heure Indigo fait partie de ces excellentes surprises de la Rentrée Littéraire 2014. Une Rentrée assez sombre et « déprimante », je dois dire. Ce n'est pas les sujets graves et lourds qui manquent, je dois dire ! Le sujet abordée par Kristin Harmel rentre dans ces catégories parfois sombres (endettement, maladie, déchirement des familles, la Shoah...), mais L'Heure Indigo reste quand même un livre parfois léger, souvent tendre, ce qui fait que les côtés plus tristes passent mieux ! Car il y a aussi de l'amour, que ce soit pour sa famille, dans un couple, il y a l'amitié, il y a l'entraide (notamment celle que les Musulmans apportent aux Juifs), il y a aussi de l'espoir.
C'est une histoire assez classique qui est racontée ici, mais qui est très bien racontée. J'ai eu tout d'abord un peu de mal avec le personnage de Hope, que je trouvais trop larmoyante, mais qui s'est révélée de plus en plus forte au fil du temps. Sa fille est dans sa crise d'adolescence, ce que je peux comprendre : une mère un peu absente, le divorce de ses parents, son arrière-grand-mère qui sombre dans la maladie... Un personnage qui grandit au fur et à mesure. Gavin est un jeune homme très intéressant, mignon tout plein, et que j'aurais aimé voir plus. Rose, la grand-mère de Hope, est définitivement le personnage que j'ai préférée, j'ai adorée découvrir son histoire et ce qui lui était arrivée, même si elle n'a pas eu une vie facile, loin de là !
En résumé, L'Heure Indigo s'est révélée une excellente surprise, un excellent moment de douceurs et de tensions, à savourer ! (Sans compter que j'aime beaucoup sa couverture !)




Il est bon de se souvenir qu'il n'est pas indispensable 

de voir une chose pour savoir qu'elle est là.

05/09/2014

Nos disparus, de Tim Gautreaux

Nos disparus

Tim Gautreaux



Sam Simoneaux, dont la famille a été massacrée quand il avait six mois, débarque en France le jour de l'Armistice. De la Première Guerre, il ne connaîtra que le déminage des champs de bataille de l'Argonne.
De retour à La Nouvelle Orléans, devenu responsable d'étage aux grands magasins Krine, il ne peut empêcher l'enlèvement, quasiment sous ses yeux, de Lily Weller, 3 ans. Licencié, sommé par les parents Weller de retrouver leur enfant, il est embauché comme troisième lieutenant sur l'Ambassador, bateau à aubes qui sillonne le Mississippi.
Le roman se déploie alors le long du fleuve, scandé par la musique de jazz - orchestre noir, orchestre blanc et alcool à volonté.



J'avais déjà entendu parler de Tim Gautreaux avec Le dernier arbre, et j'ai sauté sur l'occasion de lire son dernier roman sorti.
Nos disparus raconte l'histoire de Sam Simoneaux, un homme qui a été profondément marqué dès l'enfance, lorsque sa famille est massacré à ses six mois. A l'âge adulte, on l'envoie en France le jour de l'Armistice afin de nettoyer les champs de bataille. Rentré traumatiser de cette expérience, il arrive quand même à mener sa vie avec sa femme et son travail de responsable d'étages dans un grand magasin.
Mais sa situation va encore empiré lorsqu'une petite fille, Lily Weller, est kidnappée pratiquement sous ses yeux. Face au désespoir et à la demande des parents, il va se lancer à la poursuite des ravisseurs, s'engageant pour ça comme lieutenant à bord de l'Ambassador, un bateau organisant des excursions sur le Mississippi, lui permettant de revisiter l'itinéraire des parents Weller, travaillant eux-mêmes sur ce bateau.
Cette quête va lui faire parcourir des paysages étonnants, le faisant voyager à travers la musique, les commerces d'enfants et la découverte de soi.

Nos disparus est une excellente découverte, un roman qui se dévore sans reprendre sans souffle ! Pègre, kidnapping, musique, bayous, vengeance, courage... Tim Gautreaux a vraiment fait fort, et j'en redemande. On va prendre place à bord de l'Ambassador, où les passagers sont grisés par la musique et l'alcool, bien décidés à s'amuser et à se bagarrer autant que possible. Sam va devoir à la fois contrôler la foule, jouer de la musique occasionnellement, aider l'équipage... Tout en ouvrant l'œil et l'oreille pour tenter de repérer des rumeurs concernant la petite disparue !
Sans l'avoir jamais vraiment rencontrée, il va s'attacher à cette fillette et à son destin, le décidant à la chercher et à s'enquérir de son sort. Il n'y avait nulle obligation, l'enlèvement n'était pas de sa faute, mais il traîne partout avec lui la culpabilité de ne pas avoir été assez rapide et assez attentif. Le chemin pour la retrouver va être long et semé d'embûche, à l'image du Mississippi souvent encombré par des bateaux ou des troncs d'arbres.
Nos disparus est ponctué de rebondissements, toujours l'envie d'aller voir plus loin, d'en savoir plus... Tim Gautreaux est définitivement un auteur que je vais suivre, que je vais conseiller et partager. Il nous décrit des hommes et des femmes ordinaires, souvent touchant, parfois repoussant, mais toujours avec cette touche d'humanité qui nous fait comprendre qui ils sont. Une écriture tout en délicatesse pour décrire un monde souvent très dur et choquant, mais bouleversant ! La manière d'écrire et l'histoire n'a pas été sans me rappeler un peu Ron Rash, un autre auteur que je vous recommande vivement – Ron Rash étant toutefois plus sombre !



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