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07/07/2015

L'enfant qui ne pleurait pas, de Torey Hayden

L'enfant qui ne pleurait pas

Torey Hayden





A six ans, Sheila a déjà un lourd passé. Abandonnée par sa mère sur une aire d'autoroute, battue par son père, elle ne connaît que la douleur et l'effroi jusqu'au jour où, à son tour, elle bascule dans la violence.
C'est cette enfant terrifiée que Torey accueille dans sa classe, cette enfant infiniment blessée qu'elle va petit à petit apprendre à apprivoiser et à aimer. Car derrière le masque de la peur se cache une petite fille intelligente et pleine de vie qui, en s'autorisant à pleurer, se donnera enfin le droit de rire.



Avec L'enfant qui ne pleurait pas, Torey Hayden nous replonge une nouvelle fois dans ses souvenirs.
La première rencontre de Torey Hayden avec Sheila Renstad est lorsqu'elle lit un entrefilet dans un journal, où on apprend que Sheila, six ans, a kidnappé un garçonnet et a tenté de le brûler vif. Torey va être choquée mais ne s'attardera pas davantage sur cet événement. A la rentrée, on lui confie une « classe-poubelle », où vont les enfants qui ne s'intègrent nulle part ailleurs. Il y a par exemple Tyler, qui a essayé de se suicider ; Sarah, qui a souffert de mutisme sélectif ; Susannah, qui est schizophrène... Torey a donc une classe de huit enfants, avec chacun ses troubles, ses TOC, ou comportements jugés « anormal » par la société. Mais, évidemment, ils n'allaient pas rester longtemps comme ça.
Jugée profondément dérangée et étant donné que les cliniques psychiatriques n'ont plus de place pour elle, on annonce à Torey que Sheila va rejoindre sa classe. Torey Hayden va apprendre petit à petit à connaître cette gamine compliquée. Sheila a à peine 6 ans, mais a déjà vécu une histoire chargée et intense. Elle a été abandonnée par sa mère, qui a emmené seulement son fils Jimmy. Elle habite avec ton père, dans une maison délabrée située dans un campement de mineur. Son père est alcoolique et violent, et ne reconnait pas Sheila, qu'il néglige. Personne n'a aimé Sheila, personne n'a tenu à elle, ne l'a éduquée ou lui dit qu'elle était importante. Cette absence d'amour et d'éducation a fait de Sheila un petit être sauvage, indomptable et enclin à la violence. Elle ne fait confiance à personne et ne croit pas que quelqu'un puisse se soucier d'elle alors quand elle atterrit dans la classe de Torey, les débuts sont hasardeux ! Sheila va faire vivre un enfer à son institutrice et à sa classe, avant de peu à peu se laisser approcher, laissant apercevoir une petite fille plus qu'intelligente, débordante de vie et d'amour.
Publié en 1980 aux États-Unis, L'enfant qui ne pleurait pas est le premier livre et documentaire écrit par Torey Hayden. Ce documentaire présenté de manière romancée est un véritable bouleversement ! On a du mal à imaginer, de nos jours et pour la plupart d'entre nous, comment peuvent vivre certaines personnes. L'environnement de Sheila est dur, horrible et est difficilement compréhensible. Tout au cours de ma lecture, je suis passée par tout un panel d'émotions, de la joie à l'horreur en passant par la tristesse. L'horreur et la tristesse sont courant, car la vie de certaines personnes, en plus de celle de Sheila, sont vraiment marquantes et apparaissent dénuées d'espoir. Mais il y a également de la joie, car malgré la dureté de la vie, il y a quand même de l'espoir. Les élèves de Torey en sont la preuve vivante : malgré les difficultés qu'ils endurent, ils ont une joie de vivre absolument communicative, et ne sont que des enfants ordinaires, ni plus ni moins. Donc, malgré tout, L'enfant qui ne pleurait pas est un livre à la fois très dur, mais aussi plein d'amour et de sentiments très forts.
Un témoignage à lire absolument, la force et le courage de Sheila m'ont coupés le souffle, et l'amour et la patience que Torey Hayden porte à ses élèves est magnifique. Absolument brillant ! Si vous avez aimé ce premier témoignage, je vous conseille les autres livres de Torey Hayden mais surtout La fille du tigre, qui raconte la suite de l'histoire de Sheila, lorsqu'elle est une adolescente de 13 ans.



L'enfant qui ne pleurait pas
La fille du tigre



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16/05/2014

Les enfants des autres, de Torey Hayden

Les enfants des autres

Torey Hayden







« Pourquoi tu t'en fais pour nous ? On n'est que les enfants des autres... » Qui sont ces "enfants des autres" à qui Torey porte un intérêt passionné ?
Boo, un petit garçon de sept ans qui ne parle pas sauf pour répéter exactement les bulletins de météo et les phrases des autres. Lori, une petite fille de sept ans également, très sensible, le cœur sur la main, mais dont le cerveau a subi des lésions à cause de mauvais traitements. Tomaso, dix ans, garçon caractériel, asocial, que l''on promène d'un foyer nourricier à l'autre. Claudia, douze ans, adolescente timide, excellente élève d'une école privée catholique qu'elle doit quitter lorsqu'on découvre qu'elle est enceinte.
Quatre enfants à problèmes envoyés dans la classe de Torey parce qu'on ne sait qu'en faire. Et pourtant, tous les quatre. avec l'aide d'une éducatrice hors pair avant tout soucieuse de les faire progresser et de favoriser leur adaptation sociale, vont former une sorte de famille où chacun apporte aux autres l'affection et la compréhension qu'il n'a pas trouvées ailleurs.



Les enfants des autres est un des romans de Torey Hayden qui m'a le plus touchée. Enfin, ils m'ont tous touchée, mais je pense que celui-ci à une place à part.
Au départ de cette nouvelle année, Torey est éducatrice spécialisée. Un peu par hasard, un peu par besoin, elle se retrouve une nouvelle fois en charge d'une classe et de quatre enfants. Boo, sept ans, est atteint d'un autisme assez lourd, avec tout ce que cela implique, comme le fait de ne pas être tout à fait capable d'interagir avec son environnement, de parler en répétant ce qu'il entend. Il y a Lori, sept ans, victime de lésions cérébrales à cause de maltraitances, ce qui l'empêche d'accomplir certaines choses comme apprendre à lire. Ensuite, Tomaso, 10 ans, en retard scolairement à cause de son comportement pour le moins agressif. Et enfin, Claudia, douze ans, une fillette brillante, exclue pendant un certain temps de son école huppé parce qu'elle est enceinte.
Comment parler des Enfants des autres ? Ce que je peux dire en premier, c'est que comme à chaque fois que je découvre ou relis un témoignage de Torey Hayden, je suis bouleversée. A chaque fois. Elle nous livre son parcours quotidien, sa bataille de tous les instants. Une bataille pour tenter de comprendre ces enfants dont elle a la charge, de les aider à devenir indépendants, de montrer qu'on est capable de réaliser des projets, d'avoir ses victoires. Ce n'est pas parce qu'on est étiquetés « anormal », « inadaptés », « pas dans la norme », qu'on ne peut pas accomplir ses rêves ou de vaincre ses peurs et les embûches mises sur notre parcours. Boo est un autisme, mais cela ne va pas l'empêcher de communiquer dans une certaine mesure avec son entourage. Tomaso est peut-être violent, mais il va se prouver être capable de passer au-dessus. Ce n'est pas de la faute de Lori si elle n'arrive pas à lire, elle va apprendre qu'on peut employer des chemins de traverse pour arriver à son but. Et Claudia va pouvoir avancer, se démarquer de la seule image de « fille modèle », d'apprendre ce qui n'est pas seulement dans les manuels scolaires.
Torey Hayden marche à l'instinct, suit ses tripes, expérimente des nouvelles idées, pas toujours avec une grande confiance en elle et de nombreux doutes, mais elle suit chaque enfant duquel elle s'occupe avec toutes les forces qu'elle peut, en oubliant souvent sa vie personnelle. Dans ses témoignages, elle fait apparaître une toute autre vision, et la grande force de Torey Hayden est de pouvoir donner un autre regard sur ces enfants, trop souvent incompris et rejetés en marge de la société. Dans Les enfants des autres, on retrouve toute la rage et la frustration de Torey Hayden face aux situations qu'elle rencontre, que ce soit des parents « simplement » incompétents ou alors violents, abusifs, ou bien que ce soit face aux limites de l'enseignement, aux mauvais professeurs, ou aux lois arbitraires sur l'intégration des enfants différents. Je me suis souvent retrouvée émue aux larmes devant les situations décrites, et devant ces enfants, trop jeunes, et déjà bien malmenés par la vie. Torey Hayden apprivoise chacun de ses enfants, elle se démène pour eux, mais ce n'est pas la seule relation forte du récit. Parfois, c'est un lien avec une personne de sa famille, avec un ami, ou un autre enfant. Heureusement qu'il arrive des choses bien à ces enfants, car la dureté de leur vie les à pousser à s'endurcir, à faire difficilement confiance. Mais on peut leur montrer que la vie ne se résumé pas qu'aux mauvaises expériences, on peut toujours réussir à trouver quelque chose à quoi s'accrocher.
Torey Hayden révèle dans Les enfants des autres des situations dures, tendues, mais montre aussi qu'il faut toujours garder espoir, ne pas baisser les bras. A la fois très violent et très doux, ce témoignage est véritablement bouleversant, je le conseille et le recommande vivement !
 




Je ne pouvais m'imaginer ce que ça devait être d'avoir sept ans et de n'avoir connu que des échecs durant le début de son existence ; de e lever chaque matin et d'aller passer six heures dans un endroit où, malgré tous ses efforts, on ne peut réussir vraiment. Et, selon la législation scolaire, Lori avait encore devant elle au moins sept ans de cette torture, soit autant d'années qu'elle en avait vécues jusque-là. Certains assassins étaient condamnés à une peine moins lourde. Tout ce que Lori avait fait, elle, c'était de naître dans la mauvaise famille.

 

- Il n'y a rien qui cloche chez toi, Lori.
Elle me dévisageait anxieusement.
- C'est la vérité, crois-moi. N'écoute pas ceux qui veulent te faire croire le contraire. Tu n'as rien qui cloche, rien.
- Mais j'sais pas lire.
- Hitler savait lire.
- Qui sait, Hitler ?
- Un homme qui était vraiment retardé.



 
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