Les filles d'Ennismore, de Patricia Falvey

Les filles d'Ennismore - Patricia Falvey

Belfond
04 Avril 2019
22.00 €

Irlande, début du XXe siècle.
À huit ans, Rosie croise le chemin de Victoria, la jeune héritière du domaine d'Ennismore. Celle-ci s'ennuie et voit en la fille d'un métayer, l'amie dont elle rêve tant. Au grand dam de sa mère, elle arrive à convaincre son père de partager ses heures de leçon avec Rosie.
Au fil des années, leur amitié grandit. Mais à 17 ans, Victoria quitte Ennismore pour Dublin afin de faire son entrée dans le monde, laissant Rosie déchirée entre les aspirations de ces années d'éducation aristocrate et sa modeste position. Elle est bientôt contrainte d'accepter un poste de domestique au domaine. Servir une famille qu'elle a côtoyée pendant dix ans est d'autant plus douloureux que Rosie est amoureuse depuis toujours du frère de Victoria, Valentin.
Alors que l'Irlande s'embrase, le destin de Rosie et Victoria emprunte le chemin de la révolte.

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Nous sommes en Irlande au début du XXème siècle. Victoria est la fille du lord d'Ennismore, et s'ennuie terriblement. Alors, lorsqu'elle rencontre par hasard Rosie, une petite fille du même âge qu'elle et l'enfant d'un métayer, elle voit en elle une amie. Victoria va réussit à imposer à ses parents d'inviter Rosie à partager ses heures de leçons. Les deux fillettes vont grandir ensemble, leur amitié va s'épanouir... Jusqu'au jour fatal des 17 ans de Victoria, où elle quitte Ennismore pour Dublin, dans le but d'être introduite dans la haute société. Et que va-t-il advenir de Rosie ? Elle a reçu une excellente éducation, mais n'a pas la possibilité de l'utiliser pour trouver un métier. Doit-elle se résigner à revenir au domaine, mais comme domestique ? Comment va-t-elle gérer son amitié pour Victoria, mais également l'amour qu'elle éprouve pour Valentin, le frère de son amie ?
J'étais très curieuse de lire Les filles d'Ennismore, dont le résumé m'attirait énormément (et oui, on peut penser à peu à Downton Abbey, mais maintenant dès qu'une intrigue se place au sein de d'une maisonnée aristocratique britannique, on voit des similitudes vu le succès de cette série). Ce qui me tentait particulièrement est d'abord cette amitié entre deux jeunes filles de milieux très différents, la vie à cette époque, et surtout le contexte politique, social et mondial.
Avec Les filles d'Ennismore, on est plongés dans la vie des aristocrates et des « petites gens », juste au début de la Première Guerre Mondiale, et surtout avec cette tension de l'Irlande, qui veut s'émanciper du joug de l'Angleterre. Il y a également cette amitié entre deux milieux différents : Rosie est vue de manière différente par sa famille et son entourage, et une fois seule – sans Victoria – elle est décalée, n'appartenant plus à l'un ou à l'autre monde. De son côté, Victoria a toujours été une petite fille solitaire, n'ayant pas d'autres fillettes de son âge dans son entourage, et elle s'est empressée de tirer Rosie dans son monde, sans penser aux conséquences pour la suite, un schéma récurrent dans leur amitié. Toutes les deux, une fois adultes, vont finir à Dublin pour suivre des chemins très différents, dans des milieux différents mais marqués par la révolte de la population Irlandaise.

Au niveau des personnages, j'apprécie énormément Rosie, une jeune femme forte, en décalage, mais qui parvient à avancer avec opiniâtreté. J'ai particulièrement apprécié les péripéties de Dublin, notamment au journal. Du côté de Victoria, je suis plus mitigée – même si j'ai apprit à l'apprécier aussi ! Plus égoïste, plus tournée vers elle-même, elle met davantage de temps à mûrir. Mais on pourrait blâmer son milieu pour cela, je pense... Son travail d'infirmière va l'aider à grandir, et c'est vraiment intéressant à suivre ! Du côté des personnages plus secondaires, j'ai particulièrement aimé la tante de Victoria, une femme forte, libre, qui ne se laisse pas dicter par les conventions de son époque et de son milieu. Un modèle ! Il y a aussi Cathal O'Malley, un homme que Rosie va rencontrer à Dublin, et qui est l'un de mes gros coup de cœur. Par contre, je dois dire que le père, la mère et le frère de Victoria ne m'ont plu. Le père est resté bloqué sur un modèle de pensée, sans jamais en dévier ; la mère est une connasse sans cœur ; et si au début j'aimais bien Valentin, je dois dire qu'il m'a très vite déçue, notamment pour son côté assez lâche et pour certains de ses choix de vie.
Je vais d'ailleurs faire un bon gros SPOILER : je vous déconseille de lire ce qui suit, à moins que vous n'ayez déjà lu le roman. A vos risques et périls sinon ! Un des éléments importants de Les filles d'Ennismore est la romance, notamment celle de Rosie et de Valentin. Rosie est amoureuse du frère de son amie depuis l'enfance. Un amour qui s'avère ensuite réciproque, mais impossible à réaliser pour différentes raisons. Rosie va tenter de l'oublier, elle part, elle rencontre Cathal O'Malley dont elle tombe amoureuse, tout en gardant une place dans son cœur pour son premier amour. A la limite, je peux comprendre. Mais là, et je ne comprends et n'accepte absolument pas les choix de Patricia Falvey, c'est dans sa décision de faire mourir Cathal (NOOOOOON), et – à la fin – de marier Rosie et Valentin. DOUBLE DOSE DE : NOOOOON ! Bon, à la limite, pourquoi pas faire mourir Cathal, effectivement. A la limite. Mais pourquoi obligatoirement marier Rosie et Valentin ?! J'aurais très bien vu Rosie soit retourner auprès de sa famille, soit rester à Dublin pour continuer sa lutte journalistique. Une femme non mariée à cette époque pouvait faire jaser, mais ça aurait envoyé un message fort, je trouve. Mais bon... Je dois avouer que c'est principalement à cause de cela que je n'ai pas eu de coup de cœur pour Les filles d'Ennismore, car c'est pour moi le gros défaut de ce roman : une romance « ratée ». A mon goût, je le précise ! FIN DU SPOILER.
Le détail mis en spoiler est ce qui m'a empêchée de mettre « coup de cœur » en début de chronique, parce que j'apprécie énormément tout le reste ! J'ai adoré détester presque tout les membres de la famille de Victoria, j'ai été tenue en haleine par la vie de Rosie et Victoria à Dublin, le contexte politique et cet embrassement de l'Irlande est passionnant, une émancipation féminine... Bref, à part quelques défauts, j'ai véritablement dévoré ce livre !

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